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jeudi 29 octobre 2015

Soubresauts de l'emploi: les Français doutent de l'inversion de la courbe du chômage

Sept Français sur dix ne croient pas à l'inversion de la courbe du chômage avant la fin de l'an prochain

Ils ne sont pas dupes du léger recul du nombre de demandeurs d'emploi

-  pour une seule catégorie de chômeurs, celle 'sans aucune activité'  - enregistré en septembre, confirme un sondage de l'institut Elabe pour BFMTV.

Le Monde s'emballe, puis se ressaisit...

"Chômage : baisse significative en septembre," titre d'abord l'organe officieux du PS. La baisse de 23.800 demandeurs d’emploi de catégorie A enregistrée en un mois (– 0,7 %) est la plus forte depuis le début du quinquennat, et même depuis avant la crise de 2007. Mais ses lecteurs sont aussitôt refroidi par la première phrase de l'article : "Bien fol qui se fierait aux chiffres du mois de septembre, y voyant le signe annonciateur d’une inversion durable de la courbe tant de fois promise par François Hollande." 

Pour la nouvelle ministre du Travail, Myriam El Khomri, "la tendance est orientée à la baisse puisque, pour la première fois depuis début 2011, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a reculé sur quatre mois". 
Un satisfecit un peu hâtif, sous l'influence inchangée des services politiques d Bercy. Quatre mois ne suffisent pas à dessiner une tendance. Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité et tenus de rechercher une activité, qui avait atteint un nouveau record en août, s’établit fin septembre à 3.547.800 en France métropolitaine. Sur un an, il augmente de 3,1 %...

Le nombre de demandeurs d’emploi de catégories B et C (en activité réduite) , lui, continue d’augmenter. Ainsi, ils sont 1.874.900 inscrits à Pôle emploi, soit une hausse de 11,4 % en un an. Une augmentation qui témoigne d’une forte progression des emplois atypiques, à temps partiel.  Ainsi, toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d’emploi s’élevait fin septembre à 5.422.700 en France métropolitaine... 

Myriam El Khomri zappe les 260.000 chômeurs d'outre-mer…

Comme tous ses prédécesseurs, la ministre du Travail commente les chiffres mensuels du chômage sur la seule base des données de la métropole,
ce qui lui permet de minimiser l'ampleur de la catastrophe. Que le nombre de demandeurs d'emplois inscrits à Pôle emploi augmente ou baisse, c'est toujours la même rengaine: dans leurs analyses et leurs commentaires, le gouvernement et la quasi-totalité des media occultent les données relatives aux départements d'outre-mer (DOM). Un peu comme si les quelque 260.000 demandeurs d'emploi en catégorie A de Guyane, Martinique ou encore Mayotte n'existaient pas, ou n'étaient pas de vrais chômeurs et d'authentiques familles en souffrance…

Lundi encore, les cercles gouvernementaux se sont gargarisés du reflux de 23.800 chômeurs, en laissant penser qu'il s'agissait de toutes les catégories confondues et de la "France entière" alors que cette donnée ne concerne que la seule métropole. En tête de manipulation de l'opinion, Myriam El Khomri, la ministre du Travail soi-même, dans un communiqué qui ne prend que cette seule donnée en compte.
Les chaînes d'information continue reprennent en boucle les dépêches AFP et Reuters centrées uniquement sur l'Hexagone; idem pour les radios et la plupart des journaux de presse écrite qui ont, eux aussi, complètement passé sous silence les départements d'outre-mer. Or ces données sont incomplètes et négligent les difficultés de nos concitoyens éloignés de Paris.
En incluant les DOM, le chiffre enregistrée en septembre grimpe à 24.700, soit 900 de plus que le résultat affiché et abondamment commenté.
Les données administratives de Pôle emploi ne comportent aucune ligne portant sur la France entière. Bien que ces données existent, la quasi-intégralité des tableaux, graphiques et commentaires portent sur la France métropolitaine. 
A la presse "décrypteuse" de faire son  travail d'information. Sur le sujet, les journalistes d'investigation ne sont pas supposés attendre les 'fuitages' au téléphone. D'autant que pour accéder à la totalité des chiffres officiels, il suffit juste d'aller les chercher là où ils se trouvent, à la DARES (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), et de faire chauffer sa calculette… plutôt que de se satisfaire du copié-collé des dépêches d'agence de presse en charge de la diffusion des 'éléments de langage' du pouvoir.
La ministre du Travail n'est d'ailleurs que porte-parole des services qui lui tiennent la main. Tous ses prédécesseurs faisaient de même et aucun d'entre eux n'avait intérêt à l'exhaustivité, la clarté et la vérité. Même l'UNEDIC, le gestionnaire du régime d'assurance chômage, publie des prévisions financières et d'évolution du nombre de demandeurs d'emploi centrées sur la seule métropole. Il y a ici matière à réforme: il suffit d'une volonté politique.

La barre des 3 millions sera-t-elle re-franchie - dans les commentaires - avant la présidentielle ?
Les media et les élus jouent le jeu de l'exécutif en place à Paris. Ainsi, en septembre 2012, cela faisait belle lurette que le cap des 3 millions avait été franchi en France entière quand le nombre de demandeurs d'emploi a officiellement (re)franchi la barre des 3 millions d'inscrits en métropole: ce n'est qu'alors qu'ils s'en sont émus. 
Certes les tendances sont les mêmes et les différences, de l'ordre de l'épaisseur du trait, mais cela peut avoir parfois des conséquences fâcheuses. Ce seuil avait déjà été franchi un an plus tôt, en septembre 2011, mais si un quelconque expert s'en était aperçu, il s'était bien gardé de le signaler. Sans doute le débat de la campagne présidentielle qui s'amorçait alors en aurait-il été un peu modifié.

Même sentiment sur le nombre total de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi. Si l'on se centre sur la seule France métropolitaine, on compte aujourd'hui très officiellement 3,55 millions de chômeurs en catégorie A, un peu plus de 5,42 millions de demandeurs d'emploi en A, B et C, et même plus de 6,1 millions d'inscrits toutes catégories confondues. 
Mais en n'ignorant pas les DOM, les niveaux changent: 3,81 millions en A, près de 5,73 millions en A, B et C, et même 6,45 millions toutes catégories confondues. Il n'est pas très social et respectueux d'ignorer 260.000 à 340.000 chômeurs, un différentiel chargé de sacrifices et de malheur, pour permettre à un gouvernement, quel qu'il soit,  d'afficher des niveaux absolus de demandeurs d'emploi légèrement inférieurs…

Le dernier chiffre est en hausse de six points par rapport à août dernier 

Mais comment donc s'étonner que les sondés sont encore 73% à ne pas y croire (79% en août), sur 1.003 personnes interrogées mardi et mercredi ? Ne perdons pas pour autant de vue que le nombre de demandeurs d'emploi pointant à Pôle emploi depuis plus de 3 ans, les vrais exclus de la politique de lutte contre le chômage, a une nouvelle fois explosé de 1,2% pour désormais frôler les 800.000 inscrits…

Reuters voit le verre à moitié plein
"Elles sont pourtant 46% à estimer que l'économie française redémarre, contre 53% d'un avis contraire." Ou inversement, donc !... 

Mais l'UNEDIC, association chargée de la gestion de l'assurance chômage par délégation de l'Etat, vient de publier ses prévisions d'évolutions des deux grands indicateurs du chômage pour les années 2015 et 2016. En 2016, l'horizon s'éclaircirait avec 51.000 chômeurs en moins, première année de baisse depuis 2007. Et cette baisse serait également vraie pour le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), celui-ci passant de 10,4% à 9,7% fin 2016.La tendance à la baisse en septembre est un espoir. Si elle est confirmée dans les mois à venir, elle coche l'une des conditions que s'est fixé le Président de la République pour concourir à la prochaine élection présidentielle de 2017, la fameuse inversion de la courbe. 

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