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dimanche 14 juin 2015

Fédération PS: Martine Aubry perd le Nord

Elle a fait son temps et n'a aucune excuse

Le ralliement de Martine Aubry à la motion Cambadélis et le parachutage de François Lamy à Lille ne sont que prétextes

Le parachutage par Martine Aubry à Lille du député de l'Essonne François Lamy fin décembre n'aura pas arrangé ses affaires. "Je viens vivre et militer à Lille", s'était contenté d'indiquer l'ancien maire de Palaiseau, sans que les Lillois ne comprennent ce qu'il venait faire là. Le député de l’Essonne était pourtant connu depuis décembre 2008 comme conseiller politique de la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry et il s'est par ailleurs beaucoup investi dans les élections internes à la fédération PS du Nord. Lui faire porter la responsabilité du désamour local pour la maire de Lille paraît toutefois abusif et destiné à désormais lui nuire personnellement. 
On peut toutefois concevoir aisément que l'ascension de Lamy doive plus à Martine Aubry qu'à l'aura individuelle de cet ancien instituteur.
En mai 2012, après la victoire de François Hollande à l’élection présidentielle, il entra au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, au poste de ministre délégué chargé de la Ville, comme représentant de la tendance aubryste. Le 23 mai 2012, il annonça sa démission du poste de maire de Palaiseau. En juin 2012, il remporta l'élection législative avec 57,77 % des suffrages, il fut confirmé dans le second gouvernement Ayrault et laissa même son siège à son suppléant Jérôme Guedj lequel perdit le Conseil départemental de gauche en mai 2014 et rendit à Lamy, ministre jusqu'au 31 mars 2014, son poste de député.
Hollande et Royal ont obtenu la disgrâce de la Ch'tite de Lille
Affirmer qu'il aurait pour autant cristallisé le malaise qui flottait depuis des mois chez les militants socialistes serait une manière de dédouaner la Ch'tite maire. A 65 ans, celle-ci sature en fait la population par son autoritarisme et son complotisme. Depuis juillet 1997, elle n'est déjà plus députée. Aujourd'hui, Gilles Pargneaux, secrétaire de la 'fédé' 59 depuis dix ans, soutenu par Aubry et Lamy, a  été nettement devancé par Martine Filleul, adjointe lilloise de Martine Aubry, et surtout femme lige du ministre de la Ville Patrick Kanner, donc apprécié du couple Ségollande à la différence de Martine Aubry. Gilles Pargneaux a été contraint de retirer sa candidature afin d’éviter une implosion de la section.
A l’aube du vendredi 12 juin, la fédération PS du Nord était meurtrie. François Lamy semblait le seul à ne pas admettre la défaite, "froid et hautain", notaient les rares journalistes présents. "Un vrai ras le bol de Gilles Pargneaux" venait de s’exprimer dans les urnes, selon les observateurs, et la maison Aubry en est ébranlée.

Lot de consolation pour un aubryste nommé numéro 2

La maire de Lille avait boudé la rue Lyderic, siège du PS Nord, ce jour-là. Le camp Filleul et le camp Pargneaux ont veillé à éviter de s’écharper en nommant l’aubryste Roger Vicot, numéro deux, chargé des élections: signe d'égard rétrospectif des militants à l’ancienne première secrétaire du PS. Le maire de Lomme était supposé succéder à Gilles Pargneaux en cours de mandat, si ce dernier avait été réélu. "Roger Vicot a une excellente image de marque. Elle aurait pâti de cet accord. C’est plutôt une bonne chose pour lui que Pargneaux soit battu", dit l’ancien maire de Tourcoing, Jean-Pierre Balduyck.

Mais l’étoile de la maire s’assombrit
: son cinglant courrier anti-Filleul, envoyé deux jours avant le vote, a choqué les militants de l'aile gauche du PS. Les supporteurs du 3e candidat, le politologue Rémi Lefebvre, journaliste professionnel, rédacteur en chef des publications de l'OURS et partisan de la motion B des frondeurs à Poitiers) ont décidé pour moitié d’entre eux de voter Filleul dès le premier tour…
M. Kanner, sous la pression de l’exécutif, a finalement retiré son soutien à M. Filleul, à un jour du vote. "Un double jeu", dénoncent les soutiens de M. Aubry qui y voit la main de Manuel Valls, le premier ministre qui n’aurait eu "qu’un coup de fil à passer" pour que tout cela cesse.

Le ralliement d'Aubry à Cambadélis est vécu comme une trahison du Nord 

Cambadélis - Aubry
Dunkerque, Wattrelos ou Tourcoing ont voté nettement Filleul. L’ancienne professeur de lettres, sociologue urbain, est supposée représenter le renouveau. Mais elle a déjà 62 ans, et ceux qui l’ont soutenue ruminent depuis vingt ans leur rancœur contre Martine Aubry: Bernard Roman et Michel Delebarre, écartés du beffroi lillois par Pierre Mauroy, ou encore Bernard Derosier, ancien président du Conseil général du Nord. Moyenne d’âge du trio, 70 ans.
Et si Martine Aubry a été lâchée par certains de ses anciens fidèles, tels Yves Durand ou Alain Cacheux, des députés qui l’avaient accueillie à bras ouverts quand Mauroy l’avait imposée, ceux-ci sont aussi des quasi septuagénaires…
Certes,
Martine Filleul a obtenu le soutien de l’aile la plus à gauche des socialistes, décontenancée par le ralliement de Martine Aubry à la motion Cambadelis, mais si l’on observe plus attentivement l’âge des militants qui ont voté massivement Pargneaux dans des villes comme Roubaix, Lomme, Denain, Gravelines, on y trouve de nombreux trentenaires. "Admirateurs d’Aubry plus que de Pargneaux", avance l’un d’entre eux.

La désignation d'un rebelle à l’autorité d’Aubry, le député-maire de Wattrelos, Dominique Baert, comme porte-parole de Martine Filleul, car partisan affiché du cumul des mandats, ne plaide guère en faveur du renouveau.
L’hypothèse du parisien Lamy pour succéder à Aubry sous le beffroi s’est bien éloignée. L'ex-élu de l'Essonne est devenu l’homme à abattre pour bon nombre de militants du cru. 

"Tout cela devient bien compliqué à l’approche des régionales, constate la nordiste Sandrine Rousseau, porte-parole nationale d’Europe Écologie-Les Verts et complotiste subalterne du tandem Aubry-Duflot. J’espérais que le Nord-Pas-de-Calais incarne une sorte de village gaulois défendant de vraies valeurs de gauche, proches de nous les écologistes… On en est loin…", déplore la candidate aux régionales. 
Son camarade socialiste, Pierre de Saintignon (ci-contre à gauche, famille noble lorraine propriétaire d’usines sidérurgiques), premier vice-président (PS) de la région Nord-Pas-de-Calais et premier adjoint de Martine Aubry à la mairie de Lille, est tête de liste aux régionales, avec une frondeuse proche de Martine Aubry, la député-maire de Denain, Anne-Lise Dufour, et la présence de l’ex-ministre... François Lamy (7e),  "l'homme à abattre", ou l’élue lilloise Charlotte Brun (10e), compagne d’Emmanuel Maurel, figure de l’aile gauche du PS.

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