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mardi 12 mai 2015

Au pouvoir comme dans l'opposition pour dénoncer, Hollande parle des "nouveaux négriers" au lieu d'agir

A Pointe-à-Pitre, le socialiste fait un parallèle entre la traite négrière et l'esclavage moderne

L
e chef de l’Etat est allé 
aux Antilles dénoncer les "nouveaux négriers" de... Méditerranée
 Gigantesque bâtiment long de 240 mètres,
voulu par Victorin Lurel, ancien ministre
L'occasion de l'inauguration du mémorial ACTe était-elle le moment le mieux choisi pour commenter les abandons aux portes de l’Europe de rafiots chargés de migrants ?
Même s'il est facile d'exalter le devoir de mémoire dans des discours à chaque fois plus historiques les uns que les autres, ce week-end, François Hollande s'est à nouveau laissé aller sur le combat qu'"il faut" et qu'"on doit" mener, en tous les cas les autres, contre l’esclavage.

Le Mémorial ACTe qu’il a inauguré dimanche matin à Pointe-à-Pitre est tourné vers le passé plutôt que vers ces formes modernes d'esclavage
En présence de nombreuses délégations caribéennes et africaines, il  a estimé qu'il "permettra […] de dire au monde que ce combat pour la dignité humaine n’est pas achevé". Il a évoqué "de nouveaux négriers [qui] monnayent des cargaisons humaines. En Méditerranée, des passeurs criminels remplissent des bateaux d’êtres humains. Des terroristes en Syrie, en Irak ou au Nigeria capturent des innocents pour les vendre ou les posséder et […] s’inventent des prétextes religieux pour justifier leurs crimes". Liste à laquelle il ajoute au passage l’exploitation des enfants soldats. Le mémorial, plus grand centre au monde du souvenir de la traite des noirs et l’esclavage, "doit [!] permettre de connaître le passé, mais aussi de lever une force pour que nous puissions, ici, avoir une mission de développement", a tenté d'expliquer François Hollande en des termes d'une obscure clarté qu'il devra préciser en Haïti.


Le Président a essuyé des critiques de tous bords 

Les indépendantistes ont boycotté la cérémonie.
Au leader syndical Elie Domota, le Président lance un appel au rassemblement. "Cette mémoire ne doit pas être vindicative. Elle doit être rassembleuse et nous amener à lutter contre les formes, hélas, nouvelles d’esclavage." Mais un proche tacle aussitôt les incohérences des contradicteurs: "le mémorial va dans le sens de la réconciliation et donc ça ne plaît pas aux indépendantistes, alors même que certains sont dans le comité scientifique du musée", polémique-t-il en faveur du métropolitain. 

La repentance d’Etat ne gênerait pas François Hollande, mais il n'a pas les moyens de verser les réparations qui lui sont réclamées pour la colonisation et l’esclavage. Certains réclament 21 milliards d’euros, mais "si ce sujet se règle, ils n’ont plus de cause", estime le même expert ès Antilles anonyme.

La France va s’acquitter de la dette de Haïti, a annoncé François Hollande. Appelée la "rançon de l’indépendance", elle est aujourd’hui évaluée à 17 milliards d’euros. Si avisés soient-ils, les décrypteurs sont dans le flou. On ignorait toujours dimanche après-midi si cela signifie à nouveau verser cette somme aux autorités haïtiennes ou si'il s'agit de ce qui a déjà été affecté. 
Ce qui est clair, en revanche, c'est que les Antilles françaises se sont faites bananer sur la question des réparations.

VOIR et ENTENDRE l'inauguration à laquelle la population n'a pas été conviée 

"Le débat sur les réparations, je le sais, n’est pas épuisé. Je reprends à mon compte les mots d’Aimé Césaire quant à la nature irréparable du crime", a-t-il lâché dans son discours d’inauguration, faisant naître un fort sentiment de colère, jusque parmi ceux qui ne lui demandaient rien. 

VOIR et ENTENDRE Lilian Thuram défendre évidemment la réalisation, alors que le reste de la population est sceptique sur l'affectation de tous ces millions qui auraient pu améliorer le quotidien de ses contemporains:
L'ancien footballeur n'est vraiment représentatif que de lui-même, avide d'égards et d'honneurs.

Le parallèle présidentiel avec l’esclavage moderne a eu le don d’énerver Christiane Taubira.  
L'indépendantiste E. Domota,
poing levé,
et l'autonomiste Taubira,
 future ministre de Hollande
La garde des Sceaux, qui est dans les valises de Hollande pendant toute la tournée caribéenne, qui vient d’écrire un livre sur l’esclavage et qui rappelle devant tous les micros et caméras que l’esclavage historique est un système d’Etat "codifié et régulé". "On doit combattre l’esclavage aujourd’hui, mais la confusion est mauvaise conseillère et en plus elle est l’apanage des imbéciles", a-t-elle balancé, méprisante comme à son ordinaire, samedi en Martinique. La mégère s'est toutefois laissée apprivoiser avant de se prendre une volée de bois vert de l’Elysée. Oui, "il y a encore de l’esclavage dans le monde, et il doit être combattu avec la même détermination", a finalement estimé l'ex-indépendantiste et autonomiste aujourd'hui ministre des anciens colons. "Simplement, ce n’est pas le même, venant de groupes terroristes ou mafieux", a-t-elle maintenu, à juste titre.

Le coût de l’ensemble architectural au centre d'une polémique
Officiellement, on l'estime à 83 millions d’euros. Après avoir rendu déposé une gerbe de fleurs devant le monument en "Sang Chaînes, Cent Chaînes, Sans Chaîne" au centre de Pointe-à-Pitre, François Hollande a coupé le ruban tricolore devant l’entrée du mémorial, un magnifique bâtiment fait de façades de verre et de métal enchevêtré, aux faux airs de Mucem marseillais, construit sur le site d’une ancienne usine sucrière Darboussier. "Les critiques, ça fait partie du jeu, relativise Josée, venue attendre François Hollande sur la place de la Victoire. Aujourd’hui, c’est la reconnaissance de dix ans de lutte pour imposer ce projet. Mettre de l’argent dans la mémoire c’est aussi important que dans l’avenir."

Samedi soir, après sa rencontre avec les élus et un dîner républicain, François Hollande s’est offert une visite nocturne de détente, au calme de l’immense bâtiment avec le président de la région Victorin Lurel, le président du Sénégal, Macky Sall, et la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, Michaëlle Jean.

Six ministres ont déserté Paris et leurs ministères pour la Caraïbe: la ministre de la justice, Christiane Taubira; la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin; la ministre de l'écologie, Ségolène Royal; la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, Harlem Désir, secrétaire d'État né à Paris chargé des affaires européennes, Annick Girardin, secrétaire d'État chargée du de la Francophonie dans ce département français, ainsi que le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. Sans doute pour ménager les victimes de l'austérité que  leur ont imposé les errements des gouvernements Ayrault et Valls
Combien d'avions et de CO2 l'exécutif a-t-il consommé d'île en île, avec des délégations différentes de l'une à l'autre, et à quel coût?

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