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jeudi 26 décembre 2013

Centrafrique: le Tchad sert-il la paix onusienne en RCA ?

Le jeu trouble du Tchad, pompier pyromane en Centrafrique

L’attitude ambigue du Tchad et de ses soldats en Centrafrique

Quelle est la provenance des armes 
des rebelles du Séléka 
patrouillant dans les rues de Bangui?
Depuis l'arrivée d'Idriss Déby au pouvoir depuis 1991, le Tchad est accusé d’ingérence, voire d'interventionnisme. Une façon pour le chef de l'Etat de protéger son pouvoir et de sécuriser les champs de pétrole tchadiens proches de la frontière avec la Centrafrique, quitte à aider les rébellions. 
La Séléka est l'une des coalitions: constituée en août 2012 de partis politiques et de forces rebelles centrafricains, elle s'était constituée en opposition au président chrétien François Bozizé. La Seleka se caractérise par une coloration religieuse musulmane dans une République centrafricaine dont la population est à 80 % chrétienne.

La France est seule pays européen en Centrafrique. 
Soldats tchadiens en Centrafrique
Hollande intervient dans le cadre de la Misca : Mission internationale de soutien à la Centrafrique. Outre les 1.600 militaires français, 3.652 militaires et civils sous mandat de l’Union africaine viennent d’Afrique centrale: Cameroun, Congo, Gabon, Burundi et Tchad.
Or, la participation du Tchad (850 hommes) est très problématique. Beaucoup de Centrafricains chrétiens accusent le Tchad d’être juge et partie. En effet, les troupes de la Séléka que la Misca a pour mission de désarmer, sont en grande partie composées de mercenaires tchadiens musulmans comme leur président, dans un pays majoritairement chrétien.

Incidents à répétition

La France a affirmé lundi son impartialité dans la crise en Centrafrique, une posture compliquée à tenir dès lors que son plus proche allié, le Tchad, ne l'est pas, estiment des experts.Un soldat français tente de contenir les manifestants  après la mort d'un homme tué le 23 décembre 2013 lorsque des soldats tchadiens ont ouvert le feu près de l'aéroport à Bangui
La France a affirmé lundi son impartialité
dans la crise en Centrafrique,
une posture compliquée à tenir,
dès lors que son plus proche allié,
le Tchad, ne l'est pas, estiment des experts.
Un soldat français tente de contenir
les manifestants après la mort d'un homme
tué le 23 décembre 2013 lorsque
des soldats tchadiens ont ouvert le feu
près de l'aéroport à Bangui
Le 22 décembre, la population chrétienne manifestait devant l’aéroport pour réclamer le départ des troupes tchadiennes. Des soldats tchadiens sont alors intervenus et ont ouvert le feu, faisant un mort.

Visiblement très nerveux le lendemain, des soldats tchadiens attaquent des soldats burundais de la Misca qui tentent de désarmer six ex-Séléka. Il n'y a pas eu de blessés à déplorer, mais les Tchadiens sont partis avec les rebelles qu'ils avaient tirés d'affaire.
Amer, un officier burundais fait alors observer : "Nous n’avons aucun contentieux avec aucune partie de la population, nous."  

Une présence tchadienne "colonisatrice"
Le comportement partisan de soldats réguliers tchadiens alimente le soupçon de liens étroits avec les rebelles de la Séléka.
Le Tchad est accusé par les partisans de François Bozizé, le président chrétien déchu, d’avoir aidé la Séléka à prendre le pouvoir. Les Tchadiens sont d'ailleurs des milliers à vivre  à Bangui où le commerce est presque totalement entre leurs mains. N’Djamena estime donc avoir un droit de regard - que d'autre qualifient d'ingérence - sur les affaires intérieures centrafricaines pour protéger ses ressortissants. D'ailleurs, en ces temps troublés, le retour des Tchadiens au pays a commencé.

Le Tchad a intérêt à la paix civile en Centrafrique 
N’Djamena, la capitale, est excentrée à l’ouest. Or,  il lui faut un allié au sud, car depuis 12 ans le Tchad est producteur de pétrole et exporte depuis 2003
Selon le ministre tchadien des Infrastructures, le pays produit "en moyenne 120.000 barils de pétrole par jour", qui lui ont rapporté entre 2004 et 2011 "3000 milliards de francs CFA"(4,5 Md d’euros), une jolie somme pour ce pays de 11 millions d’habitants. Mais, ses puits étant au sud, près de la frontière avec la Centrafrique, Idriss Déby joue donc au gendarme pour garder la région stable.
En se rapprochant du Tchad, Hollande cherche à diversifier nos importations de pétrole. Nos principaux fournisseurs sont en effet à risques: 11% de notre pétrole provient d'Afrique (Lybie, 6.300 tonnes de brut et Algérie, 2.800) et près de 20% du Proche-Orient (Arabie saoudite, 7.800, et Irak, 1.800) en 2012.

Idriss Déby cherche à se créer des alliés musulmans
Il tire les ficelles, fait et défait les chefs d’Etat centrafricains. Il en va ainsi de ses relations avec le chrétien Ange-Félix Patassé, président de 1993 à 2003. Déby ne tarde pas à se brouiller avec Patassé et accueille sur le sol tchadien un certain… François Bozizé. Celui-ci bénéficie successivement des soutiens de la puissante armée libyenne, du Mouvement de libération du Congo (MLC, un groupe de miliciens soutenu par l’Ouganda et actif dans la guerre civile en République démocratique du Congo voisin) et de la France. 
Le Tchad fournit les hommes qui permettent à Bozizé de prendre Bangui par la force et de réussir un coup d'état en mars 2003. Mais les "libérateurs" se brouillent bientôt, entretenant une instabilité quasi permanente en Centrafrique de 2005 à 2013.

Rapports compliqués avec la Séléka

Dans un premier temps, le Tchad soutient Bozizé. Il lui aurait même livré un certain Charles Massi. L’homme passé à l’opposition de Bozizé était soupçonné de vouloir créer un mouvement rebelle. Le Tchad a toujours démenti avoir joué le moindre rôle dans cette affaire. L’homme a pourtant bien été arrêté en territoire tchadien. Fondateur d’une des branches de la Séléka, il mourra en détention à Bangui. Aujourd’hui Eric, le fils de Charles Massi, est le porte-parole de la Séléka. Il a obtenu ce qu’il voulait de plus cher, le départ de François Bozizé du pouvoir. 

Déby, un musulman, fait le jeu des rebelles
Enfin, Idris Déby se méfie de ceux qui pourraient déstabiliser son pouvoir. En 2008, une colonne rebelle de 300 pick-ups est stoppée, alors qu’elle fonce depuis le Soudan sur la capitale. Idriss Déby sait que l'histoire peut se répèter. Il ne veut pas que le nord de la Centrafrique accueille la base arrrière d’une possible rébellion. Il faut donc que le pouvoir à Bangui lui soit favorable.

Un musulman, Michel Djotodia, est le nouvel homme fort à Bangui

Militaire
centrafricain de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) et membre de la Seleka, il s'est auto-proclamé président de la République en mars 2013 après le renversement du président François Bozizé. 
Le dernier coup d'état en Centrafrique n'a apporté que le chaos.
Dès sa prise du pouvoir en mars,
Michel Djotodia dissout la Seleka, ce qui précipite la brouille avec le Tchad: les ex-rebelles se livrent alors à de nombreuses exactions contre la population. En août 2013, le village de Bohong résiste aux persécutions de la Seleka mais subit de violentes représailles entraînant de dizaines de morts, des viols et des pillages, visant spécifiquement la population chrétienne. Un millier d'habitants quitte le village.
Djotodia a aussi fait naître un puissant ressentiment contre les Tchadiens désormais obligés de quitter aussi le pays. 

Chrétiens et musulmans s'entretuent 
Les rebelles de la Seleka n'exclut plus
de rentrer dans Bangui
En 2012, en seconde noces, Idriss Déby a épousé la fille du chef présumé de la milice janjawid, des miliciens du Darfour au Soudan et des criminels se revendiquant arabes. Depuis 2003, ils sont parmi les acteurs principaux du conflit sanglant au Darfour, qui oppose la population arabisée du Soudan aux musulmans, chrétiens et animistes non-arabes de la région.

Le produit de l’or noir n'a pas fait sortir de la pauvreté l’un des pays les plus deshérités de la planète, malgré les promesses du pouvoir tchadien en 2003. Elle a plutôt permis au régime d’acheter des armes.

Les affrontements entre communautés chrétiennes et musulmanes centrafricaines virent aujourd'hui à des massacres à la machette donnant au conflit une dimension confessionnelle croissante.

Abandonnant la cause musulmanne, le journal socialiste Le Monde titre: "En Centrafrique, les forces musulmanes de l’ex-Séléka s’en prennent à la France " 

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