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lundi 12 août 2013

Egypte: les islamistes occupent la rue; le pouvoir menace

La fin du ramadan sera-t-elle synonyme du retour de la violence ?

Les partisans du président islamiste Mohamed Morsi
 ont appelé lundi à de nouvelles manifestations en Egypte


A l'issue d'une vaste opération militaire contre les Frères musulmans dont est issu l'ex-chef d'Etat, un haut magistrat, Adly Mansour, 67 ans, a remplacé comme président par intérim de l'Egypte, l'islamiste Mohamed Morsi démocratiquement élu en juin 2012, mais destitué par l'armée qui le détient, après un an de pouvoir islamiste marqué par des crises à répétition et une forte contestation populaire. Président de la Haute cour constitutionnelle, Mansour a promis de "protéger le système républicain" et d'être le "garant des intérêts du peuple" dans une brève allocution. Il a aussi rendu hommage à l'armée, "conscience de la nation" et à la presse "libre et courageuse".

Les supporters de Mohamed Morsi occupent deux places du Caire
 depuis plus d'un moisL'appel de ces islamistes a été lancé alors que la police évoquait une dispersion imminente mais "graduelle" de leurs sit-in au Caire à l'expiration d'un ultimatum fixé à la fin du ramadan.

Les pays occidentaux prennent parti

Fabius s'est aligné sur la position du président américain.
Tandis que A. Mansour a reçu des félicitations de plusieurs dirigeants arabes en tête desquels l'Arabie saoudite, la Turquie a jugé antidémocratique le renversement de M. Morsi. Barack Obama a appelé à réexaminer l'importante aide militaire à l'Egypte, la Russie a exhorté les camps rivaux à "la retenue" et l'Europe a insisté sur la tenue rapide d'une présidentielle. Alors que le Soudan a fait savoir qu'il espère que "la paix et la stabilité prévalent" dans son pays "frère", l'Egypte, la France réclame la libération de l'islamiste.

Dispersion du sit-in

A l'aube, à l'issue des quatre jours décrétés fériés pour fêter la fin du ramadan, des milliers d'islamistes étaient barricadés depuis plus d'un mois avec femmes et enfants sur deux places du Caire. La communauté internationale, qui a récemment tenté en vain une médiation, redoute une nouvelle effusion de sang à propos de cette poche de résistance.
Des hauts responsables de la police et du ministère de l'Intérieur ont toutefois affirmé que les policiers vont d'abord encercler les sit-in des places Rabaa al-Adawiya et Nahda avant de les disperser en "plusieurs jours et après "plusieurs sommations".
Une fois le siège entamé, la police attendra "deux ou trois jours avant de se mettre en mouvement pour disperser les manifestants", selon l'un d'eux. Ils n'ont pas précisé quand débuterait l'opération et assuré dimanche soir que "la décision n'était pas encore prise".

Les manifestants envisagent une épreuve de force

  
La presse occidentale rapporte le point de vue des insurgés de la place Rabaaalors qu'aucune présence policière n'est visible, mais que des partisans du président déchu achèvent les prières nocturnes, derrière des remparts de sacs de sable et de briques empilés  gardés par des volontaires. L'un d'eux dit s'attendre à une intervention de la police. "Nous aurons des martyrs. Le prix à payer sera élevé mais la victoire nous attendra au bout du chemin", a-t-il assuré.
Plus tôt, en réponse aux menaces gouvernementales, Farid Ismaïl, haut responsable des Frères musulmans, la confrérie de Mohamed Morsi, a assuré que "le peuple égyptien poursuivra sa révolution" pour exiger le retour de Morsi.

Nouvelles manifestations programmées pour lundi et mardi, quoi qu'il arrive. 
S'adressant aux "dirigeants du coup d'Etat" lors d'une conférence de presse sur la place Rabaa dans la nuit, Farid Ismaïl a appelé les Egyptiens à l'insurrection, en occupant "toutes les places" du pays, tandis que son mouvement annonce de nouvelles manifestations "massives" pour lundi et mardi.

Ces appels font redouter une escalade
Plus de 250 personnes - essentiellement des manifestants pro-Morsi - ont pourtant déjà péri dans des heurts entre pro et anti-Morsi, et entre pro-Morsi et forces de l'ordre depuis fin juin.
Dans la journée, plusieurs milliers d'islamistes radicaux sont  néanmoins appelés à manifester pour réclamer, disent-ils, le retour du président "légitime" renversé par "un coup d'Etat militaire sanglant", conspuant le nouvel homme fort du pays, le chef de la toute-puissante armée, le général Abdel Fattah al-Sissi.

La menace islamiste
Les opposants à Morsi lui reprochent d'avoir accaparé tous les pouvoirs au seul profit des Frères musulmans et d'avoir achevé de ruiner l'économie égyptienne. Pour l'organisation de défense des droits de l'Homme International Crisis Group (ICG), "en l'absence d'un accord politique, le résultat le plus probable est une impasse prolongée, des heurts à répétition". Mais, "personne ne doit sous-estimer le risque que certains islamistes, convaincus qu'ils n'auront pas de place dans le processus démocratique, se tournent vers la violence".

Dans le Sinaï, où des combattants islamistes multiplient les attaques depuis le 3 juillet, l'armée a tué au moins huit djihadistes dans des raids samedi soir. Mercredi, les militaires avaient dû tuer "60 terroristes"
 en un mois.


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