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mardi 20 novembre 2012

Moscovici n'assume pas la dégradation de la France par Moody's

Moody's abaisse à son tour la notation de la France


Moody's donne raison à The Economist

Elle a attribué à la France la note AA1, qui perd ainsi son précieux triple A. L'agence de notation a en outre assorti cette dégradation d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait à nouveau l'abaisser à moyen terme, selon un communiqué publié dans la soirée.

Le timing a pu surprendre. 

Sur le fond, la dégradation de la France par Moody's n'est pas une surprise. L'agence de notation avait fait l'annonce qu'elle placerait la note de la France sous perspective négative, mais le gouvernement Ayrault n'a rien fait pour adapter sa politique à l'état de la crise internationale et pour réduire la dette publique.

Généralement, une sorte de moratoire permet de redresser la situation est de six mois. Un délai supplémentaire de cinq mois aura finalement été accordé à la gauche socialo-écolo, à cause des élections présidentielles et législatives qui ne permettaient pas à Moody's de juger la politique qui allait être menée sur le long terme.


"Après les élections législatives à venir, Moody's attend que l'actuel gouvernement donne une image plus claire de son programme", avait expliqué l'agence. Il avait toutefois fallu que le Premier ministre, François Fillon, suggérât au candidat PS, François Hollande, de soumettre son programme à l'agence de notation Standard & Poor's qui venait d'annoncer la dégradation de la note de la France malgré la campagne présidentielle...

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Le gouvernement tente de minimiser la dégradation, titre Le Figaro

En fait, l'exécutif rejette sur la droite la responsabilité de la perte du AAA français le quotidien, observe ensuite le quotidien.
Jean-François Copé y voit au contraire une sanction du manque de réformes de l'équipe Hollande. Les analystes financiers sont nuancés sur les conséquences à envisager. 

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La ligne de l'exécutif est à la dédramatisation
Après que la France a perdu le triple A que lui accordait encore l'agence de notation Moody'sMatignon et l'Élysée s'abstiennent de tout commentaire officiel pour ne pas alimenter le débat et laissent à Bercy seul  la tâche de se justifier par communiqué.

Un proche de François Hollande s'est toutefois exprimé, sous couvert de l'anonymat, auprès de l'agence Reuters. L'information n'a rien de surprenant, argumente-t-il: «Cette dégradation sanctionne les errements du passé. Ce n'est pas une surprise puisque le diagnostic rejoint celui du gouvernement et celui du rapport Gallois», a-t-il affirmé. "Cela valide notre stratégie économique de restaurer notre compétitivité et de mettre en œuvre des réformes structurelles, a-t-il affirmé sous couvert d'anonymat (!). Jamais un gouvernement n'aura engagé en si peu de temps autant de réformes structurelles en France", ose-t-il assuré, contre l'avis de la terre entière.

"Les erreurs du passé" sont également pointées du doigt par le ministre des Finances, Pierre Moscovici. Pour ce dernier,  " cette décision concerne la situation laissée par nos prédécesseurs: perte de compétitivité, faible croissance, déficit croissant ", a-t-il accusé dans son communiqué, publié dans la soirée, instantanément l'annonce de Moody's. Pour échapper à une dégradation, «il aurait fallu une inversion de la courbe» de la dette publique de la France,  " ce qui était impossible ".


Pierre Moscovici s'obstine et  "prend acte de la décision de Moody's"
Il réaffirme "la qualité de la signature de l'État français" et, bien qu'elles soient qualifiées de mesurettes, le ministre des Finances "rappelle les réformes engagées résolument par le gouvernement qui visent précisément à redresser notre économie: maîtrise des comptes publics, pacte national pour la compétitivité, la croissance et l'emploi ainsi que la négociation en cours sur le marché du travail». «L'économie française est large et diversifiée» et "la dette française demeure parmi les plus liquides et les plus sûres de la zone euro", insiste-t-il. Malgré la dégradation, le ministre des Finances a maintenu sa perspective de croissance à 0,8% pour 2013.

La présidente du MEDEF, Laurence Parisot, juge que l'abaissement de la note de la France est " une alerte sérieuse " face à laquelle la France doit engager rapidement des réformes structurelles. 

" La dégradation de Moody's n'est malheureusement pas une surprise pour tous ceux qui ont entendu mes déclarations depuis des semaines et depuis des mois: ce n'est que la confirmation de la situation très préoccupante dans laquelle se trouve notre économie ". " C'est donc une alerte sérieuse qu'il faut prendre comme telle ", a-t-elle poursuivi, au cours de sa conférence de presse mensuelle. "Face à cette alerte nous devons engager toutes les réformes qui permettent de rétablir notre compétitivité ".

Une décision "lourde d'inquiétudes"

Nouvellement élu président de l'UMP, le secrétaire général sortant, Jean-François Copé, ne pouvait pas décemment laisser passer cette ligne de défense. 
Le gouvernement ne manquera pas de tenter de se défausser sur Nicolas Sarkozy (...). La vérité, c'est que la gauche porte clairement une part importante de responsabilité dans cette dégradation ", a-t-il asséné. "Moody's avait placé la France sous surveillance négative suite au projet de loi de finances rectificative pour 2012 défendu par François Hollande en juillet dernier. L'agence de notation, par cette décision, constate que le gouvernement n'a pas engagé les réformes nécessaires pour maintenir la notation de la France", observe l'ancien ministre délégué au Budget (2004-2007), tout en déplorant que la décision de Moody's soit "  une mauvaise nouvelle pour notre pays. Personne ne peut se réjouir d'une telle annonce, lourde d'inquiétudes pour la France .

Cet avis est partagé par la présidente du MEDEF, Laurence Parisot: "Cette décision de Moody's fait peser sur nous une pression particulière. Elle confirme les cris d'alarme que j'ai poussés ces derniers mois, je ne m'en réjouis pas", a-t-elle affirmé lors de sa conférence de presse mensuelle.



Pas de bouleversement immédiat sur les marchés

Les analystes économiques se veulent rassurants. 
D'après certains, les marchés ne devraient pas surréagir à l'annonce: "C'est largement intégré. Ce n'est pas en soi très important, mais psychologiquement, ça peut l'être, d'où un possible mouvement d'humeur", explique René Defossez, stratégiste chez Natixis
Pour Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC, " cette décision peut générer une tension sur les taux d'emprunt, mais la France ne devrait pas être pour autant attaquée sur les marchés ". Certains investisseurs internationaux pourraient être tentés à court terme de vendre un peu de dette française, mais le double A reste une bonne note,  compte-tenu du contexte dégradé, tiennent-ils à rappeler, de peur d'un affolement des marchés.

La banque Citigroup a également publié une note dans laquelle elle affirme que les raisons qui motivent la décision de Moody's
- perte de compétitivité,  
- perspectives budgétaires incertaines 
- et l'incapacité à prévoir la résistance de la France à de futurs chocs au sein de la zone euro  entre autres 
sont déjà connues. 

Selon la banque américaine, "peu des arguments par Moody's sont nouveaux et la dégradation reflète une réalité qui s'applique depuis longtemps à la France et à un grand de nombre de pays encore notés AAA", en vain.
"La France est loin d'être dans une situation où son accès au marché est menacé", insiste Jean-Louis Mourier. Selon Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE, ce qui sauve la France pour l'instant, c'est que le pays serait "plus un havre de sécurité pour les placements que d'autres pays ". C'est d'ailleurs ce qui " s'est passé pour la première dégradation de la France par Standard & Poor's ou pour les États-Unis" , ajoute-t-il, au risque de ternir l'administration Obama ! La France a encore un peu de marge de manœuvre sur les marchés puisque le gouvernement a prévu dans le budget 2013 un taux d'emprunt à 10 ans à 2,9% pour l'an prochain, soit très au-dessus de celui auquel il emprunte à l'heure actuelle (les taux à 10 ans s'affichaient à 2,06% lundi soir). Ainsi, le gouvernement Ayrault n'est-il pas aussi optimiste que la sélection des analystes volontaristes cités...

Le gouvernement parie sur une baisse de l'euro 

Pris par surprise, les marchés européens sont très calme ce matin. 
La Bourse de Paris a débuté la séance sur une légère baisse de 0,13%. À Francfort le Dax et à Londres l'indice Footsie perdaient respectivement 0,23% et 0,21%. Le taux à 10 ans de l'emprunt d'État français se négocie à 2,1%. Les CDS sur la France étaient en légère hausse de quatre points de base ce mardi matin, à 93 points selon la société Markit.

Sur le marché des devises, les investisseurs digèrent un peu plus mal la nouvelle. À la suite de la décision de l'agence de notation, l'euro s'est retourné à la baisse face au dollar. Ce matin, la devise européenne perd un peu de terrain sur le billet vert à 1,2784 dollar, contre 1,2811 dollar lundi.

En fait,  tant qu'un pays est noté triple A par deux des trois grandes agences (S&P, Fitch et Moody's), il reste dans le panier des pays notés AAA, appelé "indices obligataires benchmark AAA". Traduction: il est présent dans une sélection de pays considérés comme fiables par les agences de notation, mais, si  le taux de leurs prêts est menacé, il n'est pas encore alourdi. 


Quand Standard and Poor's (SP) avait dégainé la première, le 13 janvier 2012

Selon le candidat F. Hollande, le président de la République avait failli. 
Hollande avait alors pointé le décrochage de la France et prédit un surenchérissement des taux d'emprunt de la France.

VOIR et ENTENDRE François Hollande assurer en début d'année que  "c'est la crédibilité de la stratégie conduite depuis 2007 qui est mise en cause" (France Info -  01'17'')



" Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C'est ainsi qu'avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue. C'est la crédibilité de la stratégie conduite depuis 2007 qui est mise en cause. Elle a manqué de cohérence, elle a manqué de constance et elle a manqué de clairvoyance et surtout de résultats. C'est une politique qui a été dégradée, ce n'est pas la France. (...) La France peut réussir son redressement (...), c'est tout l'enjeu du scrutin de 2012" a affirmé ce matin François Holande.

VOIR et ENTENDRE les accusations de François Hollande -hypocrite et en janvier 2012:




Une dramatisation injuste en janvier devient
une casserole culottée en novembre.


Moscovici répugne à féliciter nos voisins 

allemands ou finlandais qui, 
eux, n'ont pas été dégradés.

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