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mardi 10 juillet 2012

La conférence sociale de Hollande n'a de "grande" que la mise en scène

Les chômeurs, laissés pour compte de la "Grande" conférence sociale
Finis les " sommets spectacles ", a promis le gouvernement. Et pourtant !

300 acteurs sociaux convoqués, les media mobilisés et une couverture inversement proportionnelle aux mesures escomptées par les entrepreneurs. 

C'est Ben Hur (1959) sans William Wyler, mais Ayrault-zéro dans le rôle du héros... 
Ce lundi, le nouveau président de la République n’a prononcé que le discours d’ouverture de ce peplum. Avant de s’éclipser du Conseil économique social et environnemental (CESE), laissant ses ministres écouter les 300 invités et les "facilitateurs" synthétiser les sept tables rondes thématiques, prochaines tables de la loi sociale. 

Hollande se croit encore dans l'arène présidentielle
 
Pour Mariette Darrigrand, sémiologue et blogueuse sur Rue89 : " François Hollande continue de faire de l’antisarkozysme, comme pendant sa campagne. Avant, il y avait un homme qui décidait tout seul et très vite; là, les décisions se prendront ensemble et sur les cinq ans du mandat." L'un avait des convictions et de l'énergie, l'autre n'en a pas et ne sait décider seul.

Rappelons qu’étymologiquement, conférence veut dire “parler ensemble, précisément ce que Sarkozy n’a pas eu le temps de faire, puisque les réformes attendaient et que l'économie et les finances internationales ne souffraient pas les atermoiements que connaît maintenant le gouvernement Ayrault. 

L’Etat se dévalorise: l'exécutif se complaît en effet dans les rôles d'appoint. 
Il est devenu un acteur, un partenaire social comme les autres. 
Hollande aurait pu parler de “Grenelle de l’économie mais le terme aurait, selon lui, été trop galvaudé sous le précédent quinquennat. 
Le 3 février, le PS annonça pourtant un "Grenelle des quartiers populaires" pour début mars 2012. "François Hollande m'a chargé, aux côtés de Thierry Repentin, sénateur PS de Savoie, de piloter la mobilisation de l'électorat populaire et des associations de banlieue", a précisé M. Chibli, également maire-adjoint de Lavelanet (Ariège), dont le président du Sénat Jean-Pierre Bel fut longtemps maire. 

En avril 2012, le PS recommença
avec le député des Landes, Alain Vidalies, monsieur Emploi-Travail du candidat Hollande (aujourd'hui ministre délégué de Ayrault, chargé des ... Relations avec le Parlement), ne manifestèrent-ils pas un grand intérêt au " Grenelle de la pauvreté " proposé par Chérèque (CFDT) ? Juste encore un ? 

Rappelons aussi qu'à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat socialiste François Hollande promit qu'il "instaurerai(t) une "Conférence environnementale" à 5 collèges + 1, celui des parlementaires, doté d'un agenda environnemental qui déterminera chaque année des priorités, pour mettre le dialogue environnemental au niveau du dialogue social. Cette Conférence sera régionalisée, pour permettre une meilleure prise en compte de la diversité des territoires." 

Le logo de la Grande farce sociale 

On peut trouver heureux l’emprunt au vocabulaire religieux et ses séminaires : on s'extasie d'ailleurs que le gouvernement parle d’ " ateliers ", de " tables rondes "... et il faut bien admettre que la modalité de la rencontre prend le pas sur sa finalité ! 
Qui dira que le logo de la conférence est navrant de naïveté sur le fond et banal dans la forme, son objet étant totalement flou et le mot "rigueur" tabou. 

Vers un socialisme libéral ? 

 Si on remonte l’histoire du dialogue social à la française, il se peut qu'on comprenne ce qui se joue ces jours-ci au palais d’Iéna. Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail (IST ), rappelle qu’auparavant, quand l'Etat était l’Etat, il " convoquait " les partenaires sociaux (en 1936 et 1968 pour mettre fin à de grandes crises sociales) ou bien il les "consultait", quand par exemple Nicolas Sarkozy avait instauré les " sommets sociaux " à l’Elysée avec la réforme des retraites. 

La majorité socialiste se donne le beau rôle et manipule l'opinion d'autant plus facilement que les media évitent de rappeler que la gauche au pouvoir a souvent fait passer ses grandes lois sociales sans passer par un réel dialogue : ce fut le cas en mai 1981 comme en 1997. Jean Gandois, patron des patrons, avait eu l’impression de s’être fait " berner " par Lionel Jospin et Martine Aubry sur les 35 heures. Aujourd’hui, les syndicats n’accueillent donc pas cette conférence sans scepticisme, ni sans méfiance la proposition d’inscrire le dialogue social dans la Constitution. 

Hollande prétend inventer la " concertation " 

La seule innovation serait qu'elle s'inscrirait en rupture avec les pratiques socialistes du siècle passé. 
Hollande serait-il un libéral honteux, au sens où il laisserait les partenaires sociaux négocier entre eux, comme cela se passe en Espagne ou en Allemagne ? Ce serait un retour du socialisme au libéralisme, après sa période marxiste.

 Un Etat toujours en vigie 

 Le choix du CESE pour cette conférence relève du symbole
On ne se réunit pas dans un ministère, mais dans un lieu naturel d’échanges entre partenaires sociaux et la presse s'en esbaudit, perdant tout bêtement de vue qu'il fallait trouver à loger 300 personnes et que le Stade de France ne faisait pas vraiment l'affaire. 

 Mais les symboles peuvent être des rideaux de fumée 
Le président Hollande veut certes réhabiliter les corps intermédiaires, mais il a bien précisé l’ordre des " trois défis " qu’il veut gagner: 
1- les finances publiques ;
2- défi : l’industrie et la compétitivité ; 
3- le chômage et la précarité.

Fort bien, mais les chômeurs se plaignent justement de ne pas avoir été invités...
VOIR et ENTENDRE   les représentants de 15 à 20% de la population active exclus de la "grande" conférence. Chômeurs et Précaires ont tenté  d'accéder à la Conférence pour s'y faire voir et entendre, mais ils ont été refoulés.




Le renouveau sémantique n’est donc que poudre aux yeux destinée à faire avaler le fait que les caisses sont vides.

Jusqu’ici, l’Etat est toujours resté à l'initiative et à la manoeuvre
Or, donner à croire aux partenaires sociaux que l'Etat leur accorde davantage d’autonomie est du foutage de gueule, car on peut se demander s'ils en ont le désir et les capacités. 
On a vu par exemple que, malgré ses bonnes intentions, la loi de janvier 2007 sur la modernisation du dialogue social est restée lettre morte.

Continuer, le sachant,  à leurrer les uns et les autres, c'est du cynisme social  à la Hollande.

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