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lundi 22 août 2011

«Je suis favorable au principe d’une règle d’or», claironne Manu Valls


La "règle d'or" divise le PS et ses candidats au premier chef

Cher(e)s Martine, Ségolène, Arnaud, François, Jean-Michel,


Le krach financier qui a secoué la planète ces dernières semaines est la marque d’une crise d’ampleur inédite. Les pouvoirs politiques semblent impuissants face à la tempête boursière, malgré le signal d’alerte précurseur de 2008. Les mois à venir seront très difficiles pour les Etats et les populations, éprouvant chaque jour un peu plus l’efficacité des premiers et la confiance des secondes. Notre statut de responsables politiques, notre engagement pour la gauche, notre ambition présidentielle pour la France nous imposent d’être à la hauteur de nos prérogatives en proposant un projet fort et crédible.

La crise l’exige : impulsons une nouvelle donne à l’Europe !

Le monde a besoin de nouvelles règles de coopération financière. Il nous faut prendre la voie d’un nouvel ordre monétaire et financier, ordonné, juste et efficace. Pour cela, l’Europe a besoin de stabilité économique et de cohérence politique. Sans rien céder à l’anti-européanisme populiste, il faut, néanmoins, avoir le courage de regarder la situation avec lucidité : l’élargissement trop rapide de l’Union, l’absence d’harmonisation fiscale et budgétaire, l’euro trop fort…

Une de nos premières priorités devra être le rééquilibrage rapide des objectifs de croissance et d’inflation, en combinant un abaissement des taux de la Banque centrale européenne avec des politiques publiques responsables où chaque euro dépensé le serait à bon escient.

Cette nouvelle donne doit également passer par un vrai dialogue avec l’Allemagne, afin qu’elle accepte une révision de sa politique (par exemple à l’égard des eurobonds). Le plus tôt serait le mieux. La chancelière le souhaite-t-elle et le peut-elle politiquement ? Rien n’est moins sûr. Nous devrons donc convaincre notre partenaire allemand - mais aussi les Français eux-mêmes - que les enjeux actuels dépassent très largement les seuls intérêts nationaux…

Il est urgent de passer à l’écriture d’un nouveau traité qui rééquilibrerait les priorités entre croissance et inflation, qui permettrait à l’Union européenne d’emprunter pour financer des programmes de grands travaux, qui progresserait dans le fédéralisme et qui amènerait l’Allemagne à davantage de solidarité en contrepartie de la prise en compte de ses intérêts de garant du système.

Ne sacrifions pas l’avenir, favorisons l’intérêt général !

La situation inquiétante de la France nécessite, elle aussi, de profondes réformes.

Avec sa «règle d’or», le président de la République cherche aujourd’hui moins à recadrer les finances publiques qu’à nous tendre un piège sans que l’intérêt de la France y trouve son compte.

Pourtant, j’ai déjà eu l’occasion de le dire : je suis favorable au principe d’une «règle d’or». Sacrifier l’avenir et les nouvelles générations est insupportable. Laisser filer le déficit de la dette, c’est se mettre dans les mains des marchés. Face à l’inquiétude des Français, nous devons formuler nos propositions.

Proposons une vraie règle d’or, un engagement contraignant de retour progressif aux équilibres, étalé dans le temps pour ne pas menacer l’activité, mais commençant tout de suite. Il ne sert à rien de se fixer des objectifs constitutionnels que l’on ne saurait respecter eu égard à la dégradation de nos finances. L’objectif d’un plafond de dette à 60% du PIB est «constitutionnel» (traité de Maastricht) et, pourtant, il faudra une génération pour retomber sous ce plafond… En revanche, à travers une loi de programmation quinquennale garantissant la soutenabilité des finances publiques, on peut mettre en place une procédure efficace.

Il faut immédiatement annuler la baisse du taux marginal de l’impôt sur le revenu, l’exonération des heures supplémentaires et la baisse de la TVA dans la restauration.

Nous devons proposer un collectif budgétaire préalable à toute discussion sur une quelconque règle d’or. Il appartiendra au président de la République de refuser ou non de revenir sur la politique fiscale pratiquée ces dernières années.

Le devoir de vérité de la gauche

La première des priorités demeure d’investir dans l’avenir : l’éducation, la formation, la recherche, mais nous ne pourrons dépenser un euro supplémentaire sans lui trouver sa contrepartie. Nous devons dire aux Français que l’effort à accomplir, à condition qu’il soit juste, sera aussi important que celui réalisé après la Libération. Les mesures à prendre sont nombreuses : supprimer des niches fiscales ; augmenter le taux d’imposition des ménages les plus riches ; contrer les stratégies d’optimisation des grands groupes ; redéployer nos efforts vers les classes moyennes, les PME et les TPE ; étudier le principe d’une «TVA protection» avec des contreparties pour les consommateurs ; réviser en profondeur notre fiscalité locale…

Ne disons pas aux Français que nous n’augmenterons pas les impôts. Il faut les réconcilier avec un impôt juste et efficace. C’est d’ailleurs le sens de notre proposition commune de fusion de l’impôt sur le revenu avec la CSG et de la retenue à la source.

Revoir le financement de notre projet

Enfin, sans remettre en cause notre projet pour 2012, nous devons le revoir à l’aune de cette crise et de ses effets sur nos finances. La part des marges de manœuvre «conventionnelles» - hausse des impôts jusqu’au seuil maximum historique de 45% du PIB, baisse des dépenses publiques de gestion… - consacrée à la réduction des déficits doit être revue. Je vous propose de consacrer l’intégralité de cette marge à la réduction des déficits, et non plus la moitié.

Cher(e)s ami(e)s,

La tempête financière qui a déferlé sur le monde exige que nous nous retrouvions et que nous débattions ensemble sur la situation économique de notre pays avec lucidité et responsabilité collective.

Je vous prie de croire en mes sentiments amicaux.

Par Manuel Valls Candidat à la primaire socialiste et député-maire d’Evry (Essonne)

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