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jeudi 15 janvier 2009

Qui prend la tête de la commission sur la réforme du lycée ?

Portrait de Richard Descoings
Le Journal du Dimanche, le 12 janvier dernier, présentait Richard Descoings comme un calculateur ambitieux :

Tout juste nommé à la tête d'une commission sur la réforme du lycée, Richard Descoings est devenu en vingt ans une éminence grise incontournable en matière d'éducation. Conseiller d'Etat qui travaille pour les gouvernements de gauche comme de droite, ce professeur de droit public s'est fait connaître en réformant Science-Po. Une institution qui lui a servi de tremplin vers la politique.

Richard Descoings est un agitateur engagé.

Il a apposé sa marque à Science-Po à coups de réformes dès 1996, année où il en devient le directeur. Après avoir bousculé l'institution de la rue Saint-Guillaume, il s'est imposé rapidement comme une figure politique majeure dans l'Enseignement supérieur. C'est cet énarque nommé en 2000 au Conseil d'Etat que Nicolas Sarkozy a choisi pour reprendre en main le dossier lycéen. Le président l'a propulsé lundi à la tête d'une commission sur la réforme reportée par Xavier Darcos. Né [s] de parents médecins, il grandit sans télévision et avec une éducation stricte dans un milieu relativement modeste. Cela ne l'empêche pas d'emprunter l'ascenseur social à grande vitesse, enchaînant les lycées parisiens prestigieux (Montaigne, Louis-le-Grand et Henri-IV), Science-Po Paris et l'Ecole nationale d'administration (ENA). Au[x] côté[s] de son ami Jean-François Cirelli, actuel vice-président de GDF-Suez, Richard Descoings sera parmi les dix premiers de la promotion Léonard-de-Vinci, ce qui lui permet d'entrer au Conseil d'Etat en tant qu'auditeur en 1985.

Le tremplin Science-Po

Très vite, il revient dans le giron de Science-Po, officiellement nommé Institut d'études politiques (IEP). Professeur de droit public, il est conseiller dès 1987 puis adjoint du directeur parisien de l'institution, Alain Lancelot. En 1996, il atteint la consécration en succédant à son mentor. Il devient de fait administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques. Cette ascension s'est accompagnée d'un parcours sans faute dans les arcanes des ministères. Conseiller juridique de Jack Lang, ministre mitterrandien de la Culture, Michel Charasse, au Budget de 1988 à 1992, fait appel à lui pour les questions relatives à l'Education. Avec l'arrivée d'Edouard Balladur à Matignon, il participe, au sein du Conseil d'Etat, à la "mission sur les responsabilités et l'organisation de l'Etat". En 2000, il est logiquement nommé conseiller d'Etat, consolidant ainsi son statut d'éminence grise. Au moment de la constitution du gouvernement Fillon, Nicolas Sarkozy pense naturellement à cet homme de gauche pour marquer l'ouverture de son gouvernement vers l'opposition. Plusieurs journaux, Le Canard enchaîné en tête, l'évoque pour un secrétariat à l'Egalité des chances et à la discrimination positive. Si toutefois l'invitation a été formulée, Richard Descoings semble l'avoir refusé[e], préférant se concentrer sur sa réforme de Science-Po.

Des réformes au pas de charge

En effet, le directeur de l'IEP de Paris restera sans doute celui qui a le plus chamboulé l'institution. Ses réformes, appliquées malgré une certaine résistance des syndicats et d'une partie des enseignants, ont essentiellement permis d'ouvrir l'établissement aux lycéens issus des célèbres ZEP, les Zones d'éducation prioritaire. Ainsi, il créé en 2001 une filière d'accès réservée aux élèves défavorisées, qui bénéficient d'une remise à niveau et de bourses plus généreuses. Une mesure prise en plein débat sur la discrimination positive. Nicolas Sarkozy, que Richard Descoings fréquenterait au sein du club très fermé et élitiste du Siècle, s'était d'ailleurs prononcé en faveur de ce système à deux vitesses. Un avis qu'il a nuancé l'an dernier. En 2002, la polémique est telle que l'UNI (Union nationale inter-universitaire), le syndicat étudiant de droite, dépose une série de recours devant le tribunal administratif de Paris pour faire annuler les Conventions éducation prioritaire (CEP), conclues entre l'IEP Paris et les lycées de ZEP. En vain. Richard Descoings remporte finalement la bataille et s'offre, pour l'occasion, un premier succès auprès du grand public. Dans les couloirs, syndicats et professeurs fustigent un despote, brutal et ambitieux.

La politique en ligne de mire

Après avoir offert en 2005 une tribune à Condoleezza Rice qui prononce alors son premier discours en tant que Secrétaire d'Etat américain en Europe, le directeur continue son travail de réformateur en internationalisant l'institution. Modulation des droits d'inscription, démocratisation, création d'une école de journalisme... En dix ans, il rénove brutalement et sans limites Science-Po Paris. L'exemple sert autant aux autres IEP, en province, qu'aux grandes écoles. Dans les années 2000, Richard Descoings finit par mettre au pas les HEC, Centrale et autre Polytechnique. Chacune de ses réformes, même critiquées, finit par jouer en sa faveur: l'homme est un excellent communiquant. Au détour d'un portrait, il avoue à un journaliste du Nouvel économiste qu'il est "un calculateur ambitieux". Il vise la politique à travers sa réforme de Science-Po. Et ses idées impressionnent beaucoup Nicolas Sarkozy. Le président l'a cité plusieurs fois en exemple à suivre. Le voilà récompensé par une commission, qui devrait accélérer son irrésistible ascension.

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