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lundi 28 avril 2008

Mouvement lycéen: presse et syndicat désinforment

Manifestations de lycéens : une contestation rituelle et idéologique
Mardi 15 Avril [2008], les lycéens ont manifesté pour la cinquième fois en deux semaines, réunissant à chaque fois plusieurs milliers de personnes. Ils protestent contre l’annonce par le Ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos, de la suppression de 11 200 postes d’enseignants [NON ! ne pas confondre postes d'enseignants et postes dans l'ensemble de l'Education Nationale!...] dans les lycées [et collèges] à la rentrée prochaine. Les principales organisations lycéennes, l'Union nationale lycéenne (UNL) et la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) sont à l’initiative de ce mouvement. Depuis ils ont été rejoints avec enthousiasme par les syndicats d’enseignants, FSU en tête [qui jusque là tiraient sournoisement les ficelles sans risque de retenues salariales...], et par des organisations de parents d’élèves .


Dans les médias ce conflit se présente comme une bataille d’arguments, souvent numériques [et encore plus souvent sous forme de slogans réducteurs et de mensonges]. Xavier Darcos insiste sur la baisse du nombre de lycéens, que personne ne conteste [1] [mais que les syndicats et la presse occultent]: 19 000 élèves de moins dans le second degré en 2007, un nombre en baisse constante depuis 1994. Il souhaite en profiter pour faire des économies dans un ministère qui représente 22% du budget de l’Etat français [le plus lourd en Europe]: 120 Milliards d’euros en 2007 [2] selon le site officiel du ministère, ce qui représente le premier budget de l’Etat. Le site se félicite même d’avoir un budget en hausse continuelle (+1,32% en 2007) et ajoute que le budget a été multiplié par 1,8 en euros constants depuis 1980.

Les lycéens quant à eux réclament plus de professeurs en croyant ainsi améliorer la qualité de l’enseignement dispensé [c'est mobilisateur, mais trompeur, puisque la loi a déjà été votée par le Parlement]. Ils soulignent ensuite le renversement de tendance démographique qui fait qu’actuellement le nombre d’élèves en primaire augmente et au collège l’augmentation devrait avoir lieu à la rentrée 2008 [précisément!], ce qui se répercutera inévitablement au lycée. Enfin les organisations syndicales s’inquiètent de la réduction des débouchés pour les professeurs en formation.
Hélas cette bataille d’arguments est tout à fait stérile et occulte les vraies questions posées par cette mesurette.
Le premier élément dont on ne parle jamais est le plaisir évident que les lycéens prennent à descendre dans la rue. Entre suivre des cours comme tous les jours et descendre avec ses copains et copines dans la rue en chantant et en faisant la fête, le choix est vite fait pour le lycéen lambda (mais on notera que si le lycéen rate volontiers les cours, aucune manifestation n’a eu lieu le week-end ou dans les académies actuellement en vacances) [Les profs qui les encadrent seraient-ils également en vacances?]. Ajoutez à cela les discours des syndicats de lycéens [et leurs professeurs syndiqués et militant pendant leurs heures de service...] exhortant leurs camarades à entrer en résistance contre la casse de notre beau système et vous obtenez des lycéens gonflés à bloc, partagés entre le plaisir de manifester et la sensation d’être utiles au reste de la société en luttant pour la préservation du système [tout en écrivant une page d'histoire... Voyez-les chercher les objectifs des photographes!]. Chaque mouvement social dégage un romantisme qui attire très fortement les lycéens [en révolte contre leurs nullités de parents qui font des heures sup pour leur bien-être], majoritairement de gauche [car c'est aussi l'âge de la révolte contre la société: du pain béni un filon pour les extrémistes !]. Enfin les lycéens savent parfaitement que pas un seul gouvernement depuis des décennies n’a su résister aux démonstrations de force syndicales. Dans ces conditions ils auraient tort de se priver ! Faire chuter une réforme, ou mieux, un ministre, est devenu un véritable rite de passage pour chaque génération de lycéens imprégnés malgré eux de pensée socialiste.
Deuxièmement l’échec du système d’éducation public, « gratuit », et centralisé. Cet échec peut se mesurer de différentes manières. Que ce soit l’illettrisme qui atteint 9 % de la population contre moins de 8% à la fin du dix-neuvième siècle
[3] [au temps des 'hussards de la république'], , ou encore les efforts déployés par les parents de tous les milieux sociaux qui se battent pour inscrire leurs enfants dans les lycées publics les plus réputés ou tout simplement dans des établissements privés [pour preuve de la bonne presse de l'enseignement public mais aussi ... laïc et idéologique !] . Ou enfin la violence qui ne cesse d’augmenter, le climat général qui se dégrade et le manque de moyens alors que le budget augmente [au rythme des 'classes vertes' ou 'de neige', car l'école est aussi 'centre aéré', en doublon!]. Comme partout et en tous temps l’argent public est mal dépensé, car il n’y a aucun impératif d’efficacité [les pédagogues ne sont ni de froids gestionnaires, ni de viles comptables]. L’argument qui consiste à dire que l’éducation serait forcément déficitaire est faux. Le déficit étant bien financé par ailleurs, au total on ne peut pas dépenser plus que ce que l’on a. Une bonne gestion des ressources matérielles, des effectifs, et une meilleure adéquation des programmes avec les besoins de formation permettraient de rendre l’éducation parfaitement rentable. C’est pourquoi il est urgent d’instaurer la concurrence dans le système scolaire en France. Pour que chaque établissement puisse déterminer de façon autonome ses besoins en professeurs et en matériel tout en optimisant la réussite des élèves, et donc son propre succès. Pour un enseignement non politisé, ne dépendant plus de l’idéologie des professeurs tout puissants, mais plutôt pragmatique et adapté aux besoins réels de la société.

Il est impératif d’instaurer une réelle concurrence entre établissements : c’est le seul moyen de les pousser à obtenir de meilleurs résultats et à satisfaire la demande légitime des parents en matière d’éducation de leur enfant. Aujourd’hui l’Etat enseigne naturellement aux enfants ce qui lui est favorable : obéissance fiscale pour « l’intérêt général », défense inconditionnelle des systèmes publics de santé et de retraite pourtant en faillite depuis longtemps, mise en valeur du rôle de l’Etat dans l’histoire, etc. Mis en concurrence, les établissements les plus mal réputés voyant fuir leurs élèves se verront obligés de se remettre en question et de fournir une éducation au niveau de l’attente des élèves et de leurs parents [et de la société]. Par ailleurs chacun reconnaît qu’il n’existe pas de méthode de gestion uniformément applicable à tous les lycées, mais qu’au contraire la liberté pour un lycée de se gérer lui-même conduirait à une meilleure prise en compte des spécificités [et l'Ecole serait assurément 'investie' par les professeurs-militants syndicalistes: nous observons déjà l'omniprésence des collectivités territoriales, les mairies dans les écoles primaires et les Conseils Généraux (LIRE les articles PaSiDupes libellés 'ordina 13') dans les collèges, qui tiennent l'Ecole par le biais des crédits et subventions et par le militantisme d'enseignants élus ou engagés, qui tiennent la communauté éducative sous leur coupe] .

Et que feraient alors les parents n’ayant pas les moyens d’inscrire leur enfant dans un établissement privé ? Liberté Chérie propose le système des chèques éducation (
voir notre argumentaire « Enseignement » ) : une aide de l’Etat utilisable seulement pour des dépenses de scolarité. Ainsi l’accès à l’éducation serait garanti, mais chacun pourrait mesurer le coût des dépenses éducatives dans un système libre. Car faire croire que l’éducation est gratuite est un mensonge éhonté [même les retraités financent par l'impôt]. Chaque lycéen coûte en moyenne 10 140 euros par an. Cette somme est intégralement payée par les parents via l’impôt et l’endettement de l’Etat. Mais noyées dans la masse des prélèvements obligatoires dont personne ne connaît la destination, ces dépenses passent inaperçues et trop de Français croient encore que l’éducation est gratuite parce que l’Etat l’a décidé. Ils en payent pourtant jusqu’au dernier centime [quand ils participent aux frais de sortie en séance de cinéma ou de théâtre -éducatif et populaire- sur les heures de cours, ils contribuent aussi aux heures non faites d'enseignement] . La situation risque d’empirer en attendant une prise de conscience suivie de véritables réformes, débarrassées de l’éternelle peur de fâcher les syndicats et autres professionnels de la banderole et du haut-parleur [mégaphone].
Par Pierre Schweitzer, le 16/04/08

[1] http://media.education.gouv.fr/file/82/0/5820.pdf
[2] http://media.education.gouv.fr/file/97/1/20971.pdf
[3] Jean-Pierre Pélissier et Danièle Rébaudo, « Une approche de l’illettrisme en France », Histoire et mesure, XIX - N° 1/2 - Varia, mis en ligne le 15 juin 2007, référence du 16 avril 2008, disponible sur : http://histoiremesure.revues.org/document816.html.

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